Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’être ainsi dérangés dans leurs jeux, se dressèrent sur l’eau, se groupèrent, eurent l’air de s’interroger ; puis, ils semblèrent comprendre tout à coup qu’un danger les menaçait. Ce fut alors une véritable déroute, un sauve-qui-peut général. Les Indiens qui couraient sur la digue, leur fermant la retraite vers la plaine, ils n’hésitèrent pas. Les mâles en tête, les mères chassant leurs petits, ils se précipitèrent de notre côté en poussant des cris qui se mariaient on ne peut mieux avec ceux de nos hommes.

Ils eurent bientôt atteint la rive. Je dois avouer qu’en entendant le sol résonner sous leurs pas pesants, et en les voyant accourir vers nous avec une rapidité égale au moins à celle d’un cheval au galop, je ne fus pas complètement rassuré sur l’issue de notre chasse. J’avais entendu raconter tant de fables à propos de l’intelligence des éléphants, que je pouvais supposer, avec quelque raison, que les colosses allaient peut-être nous faire tête, et je trouvais que nous n’étions pas vraiment pour eux des assaillants bien redoutables. Je craignais fort, en un mot, que de chasseurs nous ne devinssions chassés.

La conduite de ceux de nos péons qui nous avaient accompagnés n’était pas faite pour me rendre courage. À l’approche de la redoutable phalange, ils avaient tous grimpé dans les arbres, excepté toutefois celui qui portait ma carabine de rechange. Il