Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/74

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moins de trente secondes, ils étaient tous sur les arbres, nous laissant de nouveau seuls, Canon et moi, en face de notre redoutable adversaire.

Je me sentis défaillir. Il n’y avait pas à être brave, ma carabine n’était pas chargée et je ne savais pas si mon compagnon était plus en état que moi de faire face à l’ennemi. Je dois avouer que si je ne suivis pas les Indiens sur les arbres, c’est que, pour mon honneur, mes jambes me refusèrent absolument leur service.

Je me remis en voyant sir John porter tranquillement sa carabine à l’épaule. Je chargeai rapidement la mienne.

L’éléphant n’était guère qu’à une douzaine de pas, il faisait jaillir la boue jusqu’à nous.

Mon ami ne bougeait pas plus que s’il eût été de granit. Il laissa l’animal faire encore deux ou trois bonds, puis, au moment où il baissait la tête, le coup partit, et il tomba comme foudroyé sans pousser un cri. La balle s’était logée dans son front et l’avait tué instantanément.

Je regardai sir John. Il n’était ni plus rouge ni plus pâle qu’à l’ordinaire, seulement le sourire ironique qu’il jetait de mon côté m’indiquait que décidément, comme chasseur, je ne faisais pas de grands progrès dans son estime.

Tout à coup nos hommes, qui avaient commencé à descendre des arbres, opérèrent avec effroi un mouvement de retraite : un petit éléphant se diri-