Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/135

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— Il faut que vous m’autorisiez, mademoiselle, à briser ces cachets et à ouvrir ces lettres.

— Lire ces lettres ! s’écria la fille de M. Rumigny, jamais !

Et la malheureuse s’élança, comme pour arracher ces papiers des mains du juge d’instruction ; mais l’émotion, la douleur et la honte la paralysant de nouveau, elle retomba sur un fauteuil en fermant les yeux.

À cette opposition aussi nettement formulée de la jeune femme, M. de Fourmel ne put réprimer un mouvement de mauvaise humeur qui indiquait son désappointement. Cela se comprend, car il se trouvait en présence de l’une de ces questions complexes que le législateur n’a pas nettement résolues.

En effet, la loi, qui donne cependant aux juges d’instruction une autorité si grande, des droits sans limites et sans contrôle, qui les arme d’un pouvoir si nécessaire, mais en même temps si terrible ; la loi, disons-nous, ne les autorise à saisir et à lire des papiers et des lettres que chez les prévenus. Or, telle n’était pas la situation de Mlle  Rumigny. De plus, les officiers de l’ordre judiciaire ont-ils le droit de rompre, même lorsqu’il s’agit de prévenus, les plis scellés qu’ils trouvent à leurs domiciles ou à la poste ?