Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/178

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Elle avait bien entendu le cri de la prisonnière, mais aucun bruit de nature à l’inquiéter ne lui ayant succédé, la religieuse n’avait vu là qu’un de ces appels si fréquents dans les prisons, et elle s’était remise en chemin pour achever son inspection.

Deux heures plus tard, au point du jour, lorsque la sœur supérieure pénétra dans cette cellule dont le silence n’avait plus été troublé, elle aperçut, accroupie dans un coin, la détenue qui berçait sa fille, en murmurant à son oreille une de ces chansons naïves dont les mères seules ont le secret.

À l’entrée de la religieuse, Marguerite ne fit pas un mouvement et n’interrompit pas son refrain.

La sœur se précipita vers elle, et, l’ayant vainement appelée, lui prit le nourrisson. Elle jeta aussitôt un cri d’horreur !

L’enfant était glacé. Marguerite ne berçait plus qu’un cadavre !

En retombant sur sa couche, au moment où la terreur l’avait affolée, la pauvre mère avait étouffé sa fille.

Elle ne fit pas un geste pour reprendre le petit corps ; elle laissa retomber ses bras vides et leva les yeux.