Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/221

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Bien certainement tu te marieras, je ne suis pas un tyran ; mais plus tard, nous avons le temps ! Tu n’as pas encore vingt ans. D’abord, je ne veux pas d’un étranger ; de plus, M. Balterini n’est pas ce qu’il te faut ; je le connais mieux que toi.

— Je vous ai dit que je l’aimais ! Je ne porterai jamais d’autre nom que le sien.

— Il ne s’appelle pas Balterini.

— Je le sais, il m’a tout raconté. Ses malheurs, les causes de son exil, son véritable nom, je n’ignore rien !

— Il t’a dit aussi qu’il est condamné à dix ans de prison ?

— Oui ?

— Et c’est cet homme-là dont tu voudrais devenir la femme ? Un conspirateur ! Plus encore, peut-être !

— Mon père !

Mais le vieillard cédait de nouveau à la colère. La résistance de sa fille, qu’il croyait vaincue, l’exaspérait. Il n’écoutait plus rien.

— Non ! s’écria-t-il, cent fois non ! Plutôt que de céder, j’aimerais mieux…

M. Rumigny s’interrompit ; la porte de la salle à manger venait de s’ouvrir pour donner passage à Balterini.