Ces deux hommes empêchaient l’étranger de précipiter sur le vieillard, dont le geste restait provocateur et que sa fille tentait vainement de calmer.
Balterini, fou de honte et de colère, était d’une effrayante pâleur. Ses yeux lançaient des éclairs, ses dents claquaient les unes contre les autres.
Il était visible que d’un seul mouvement il aurait pu se débarrasser de ceux qui le retenaient, mais les regards suppliants de Marguerite le faisaient immobile.
Cela dura dix secondes ; puis il vainquit ce charme fascinateur, et, se dégageant, il se précipita vers la porte de la salle a manger.
Arrivé là, il se retourna et s’écria, en s’adressant à M. Rumigny :
— Vous m’avez mortellement outragé, monsieur ; c’est tout votre sang qu’il me faut pour laver ma honte. Si vous ne me faites pas réparation, je vous tuerai comme un chien, aussi bien dans dix ans que demain. Je vous le jure sur la vie de votre enfant, sur mon salut éternel !
Et, sans répondre au cri d’épouvante de la jeune fille, l’Italien disparut.
Resté seul avec sa fille et M. Morin, l’ex-négociant ne comprit pas combien sa conduite avait été