Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/236

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Quelques heures après, ils prenaient le train du Havre.

Balterini s’était arrêté à l’idée de se rendre en Amérique, d’où il lui avait été fait quelques semaines auparavant, alors qu’il vivait si tranquille à Paris, des propositions fort avantageuses ; mais, lorsqu’il fit part de ce projet à Marguerite, elle ne put s’empêcher de pâlir.

Il comprit qu’il demandait à son amie un sacrifice au-dessus de ses forces.

Mlle  Rumigny, en effet, bien qu’elle n’en parlât jamais, espérait toujours le pardon de son père. Les lettres qu’elle lui avait adressées étaient restées sans réponse, il est vrai, mais elle ne voulait pas croire que le vieillard dont elle était l’unique enfant ne penserait pas un jour à elle. De plus, il pouvait tomber malade, mourir ; il fallait qu’elle pût accourir pour lui fermer les yeux.

Un autre motif, bien plus puissant encore aux yeux de l’Italien, lui commandait de ne pas faire affronter à Marguerite un voyage aussi long et aussi pénible : la jeune femme était enceinte et sa santé chancelante.

Après avoir tout pesé, tout calculé, ils décidèrent qu’une séparation momentanée était nécessaire, soit que Balterini partît pour l’Amérique, soit qu’il attendît au Havre le résultat des