Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/37

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risation de pénétrer dans les salles réservées de son triste domaine était bien en règle, le greffier fixa William Dow avec curiosité pendant quelques instants, et, se levant, il lui dit :

— C’est fort bien, monsieur ; veuillez me suivre ; je vais vous faire voir l’inconnu de ce matin.

Il avait, en même temps, sonné un gardien, qui s’était aussitôt présenté à la porte par laquelle on communiquait du bureau dans l’intérieur de la Morgue.

Cet employé était un homme de vingt-cinq ans à peine, carré, trapu, avec une physionomie à la fois craintive et bestiale. Ses yeux, aux paupières clignotantes, avaient des regards obliques. On eût dit que, n’osant fixer les corps confiés à ses soins, il avait pris l’habitude de ne jamais regarder personne en face.

Nu-tête, ses épais cheveux tombaient incultes sur ses sourcils. Il était vêtu d’un costume gris, espèce d’uniforme découpé peut-être dans la capote d’hôpital de quelque cadavre.

C’était un des deux surveillants de la Morgue.

Vingt-quatre heures sur quarante-huit, il y passait la journée et la nuit, seul, avec ses hôtes muets et défigurés. Son tour de veille achevé, il