Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/197

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— Il y a cependant un témoin qui l’affirme sous la foi du serment. Regardez là, de ce côté, vous verrez ce témoin.

Ressoul se retourna, son regard rencontra les yeux de Bob, et ne pouvant maîtriser sa surprise, il s’écria : Djamoû !

— Le seigneur Ressoul me reconnaît ? fit ironiquement l’Irlandais.

— J’ai vu parfois cet homme, dit Ressoul, en se remettant un peu, et il est possible que, pour de l’argent, il consente à porter contre moi un faux témoignage.

— Alors ce témoin nous trompe lorsqu’il prétend que vous aviez fait avec un des serviteurs de sir William Bentick un pacte affreux dont la vie de son enfant vous assurait l’exécution ?

— Il vous trompe, Saheb, affirma Ressoul, avec un calme admirable.

— Ce témoin assure que c’est vous qui, dans ces derniers temps, reteniez prisonnier l’enfant de Gilbert.

— Mensonge ! Calomnie !

— C’est ce que nous allons voir. Huissiers ! faites entrer le jeune Willy Patterson.

— Les huissiers obéirent et l’entrée de l’enfant du criminel et cependant si malheureux Gilbert, fut saluée par des acclamations frénétiques de la foule.

D’un même mouvement, chacun se dressa pour le mieux voir !

Ce fut une confusion générale ; et dans la mêlée, on entendit les cris de deux ou trois femmes sur le point d’être étouffées.

— Une chaise pour l’enfant ! une chaise, qu’on le voie ! Qu’il monte sur un tabouret ! criaient les curieux. Le lord président se rendit aux vœux de l’auditoire, et on apporta un banc sur lequel monta le petit Willy.

C’était un joli enfant de sept à huit ans, blond et rose, qui ne paraissait pas avoir souffert. Sa physionomie heureuse exprimait un immense ébahissement.

— Mon enfant, lui dit le président, il ne faut pas avoir peur. Voulez-vous répondre à mes questions ?

— Oui, mylord, fit Willy en souriant.

— Me reconnaissez-vous, Willy ! lui demanda en ce moment lord William Bentick.

— Oh ! certainement, mylord, je demeurai chez vous avec papa, dans une belle maison.

Puis, comme s’il fut pris tout à coup de quelque pressentiment, il ajouta d’une voix triste et regardant autour de lui.

— Où est-il donc, mon père ?

— Mon enfant, votre père est loin, bien loin ; il est allé faire un grand voyage, dit sir George Monby. Dites-moi, regrettiez-vous beaucoup la maison de Sa Seigneurie ?