Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/209

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La grande place de Madras.

que la justice humaine ait jamais eu à juger. Les scènes qui ont été mises sous vos yeux, les récits qui ont frappé vos oreilles semblent empruntés à la fable, à la légende, et nos esprits ne sauraient croire aux attentats de ces hommes, si les faits n’étaient pas aussi évidents, si autour de nous ne se dressaient meurtries, sanglantes, mutilées, des milliers de victimes qui demandent justice.

« Vais-je reprendre tous les faits de l’accusation pour soulever encore votre indignation et votre horreur ?

« Vais-je de nouveau retracer ces meurtres épouvantables, que les accusés avouent avec orgueil, dont leur cruauté et leur cynisme se glorifient ?

« Ce serait là une tâche pénible, devant laquelle je n’hésiterais pas cependant, si je croyais nécessaire de la remplir.

« Mais est-il besoin de nouvelles preuves pour déterminer votre arrêt ?

« Vos consciences peuvent-elles hésiter ?

« Votre pitié peut-elle être éveillée ?