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Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/244

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tentures du palanquin, comme pour ensevelir la gracieuse enfant dans son nid parfumé.

Il s’était ensuite étendu dans les hautes herbes et, rampant comme un reptile, avait atteint la rive du fleuve.

Arrivé là, il avait fait entendre un cri rauque, guttural, semblable à celui du guamala, l’oiseau-diable.

On lui avait répondu du rivage opposé.

Il s’était alors dépouillé de ses vêtements et s’était jeté dans la rivière pour la traverser à la nage.

Plusieurs Hindous l’attendaient sur l’autre bord, blottis dans les roseaux.

Ils se levèrent à son approche.

— Tout est prêt, leur dit-il, venez.

Et ces hommes ayant saisi divers instruments cachés dans la vase, il les entraîna vers un gigantesque banian dont les racines immenses s’étendaient jusqu’au milieu du fleuve.

— Là, leur dit-il, en leur désignant le pied du géant des forêts ; hâtez-vous !

Deux des Hindous, sans prononcer une parole, se courbèrent sur le sol et se mirent à creuser une large fosse.

Le silence lugubre du lieu n’était troublé que par leur respiration haletante et par les grondements du torrent, auxquels répondaient dans le lointain, comme par une ironie sinistre, les sons joyeux des instruments qui accompagnaient les danses des prêtresses de Vischnou.

Schubea, après s’être assuré que ses hommes l’avaient bien compris et qu’ils n’abandonneraient leur tâche que lorsqu’elle serait complètement terminée, fit signe de le suivre à ceux qui étaient inoccupés.

Il s’était dirigé vers une clairière voisine que de grands arbres cachaient à tous les regards.

— Ici ! leur avait-il dit, en leur en désignant le centre. Choisissez le bois le plus sec et des lianes mortes et travaillez sans bruit. Que tout soit disposé dans un instant !

Et, regagnant la rive, il traversa le fleuve de nouveau, reprit ses vêtements et réapparut près de la tente de son maître, qui ne s’était même pas aperçu de son absence.

Au moment où il arrivait, Laschmi était plus séduisante que jamais.

Moura-Sing dévorait des yeux chacun de ses pas.

Rien, du reste, n’était gracieux comme le mouvement à l’aide duquel elle se couvrait pendant quelques instants le visage de son long voile de mousseline, pour le laisser tomber tout à coup en se renversant en arrière et en découvrant touts les richesses de sa taille fine et cambrée.