violemment repoussée, et lorsqu’elle revint à elle, ce fut pour jeter un dernier regard à Nadir, qu’un groupe de soldats anglais entraînaient brutalement.
Elle poussa un cri de douleur et de désespoir et tomba dans les bras de Sabee, qui était accourue à son secours.
Une heure plus tard, l’ami de Moura-Sing gravissait, les fers aux mains, le chemin rocailleux qui mène à la citadelle de Golconde, et il était jeté dans le cachot où Romanshee l’avait précédé.
Le lendemain, au point du jour, on le sépara du brahmine, mais cette nuit avait suffi au fils adoptif de Moura-Sing pour tout apprendre, et lorsque, par les ordres de sir Arthur Maury, on le transféra dans un autre cachot, il emportait avec lui, cachée dans les plis de son turban, cette seconde émeraude gravée dont le vieux radjah lui avait parlé avant de mourir.
V
MISS ADA MAURY.
oins de quinze jours après ces événements, les chefs du complot que sir William Dudley croyait avoir découvert étaient jugés, condamnés à mort et pendus au lieu ordinaire des exécutions, c’est-à-dire à mi-chemin de Golconde et d’Hyderabad, le long de la vieille muraille qui relie la citadelle à la ville.
Romanshee et ses complices avaient marché à la mort avec le fanatisme ordinaire des Hindous.
Jusqu’au dernier moment, le vieux brahmine n’avait eu pour ses juges qu’un sourire de mépris, qui avait semblé leur dire qu’il était certain d’être vengé.
Sa fille Sita était parvenue à échapper à toutes les recherches.
Quant à Nadir, soit que les preuves eussent manqué contre lui, soit que le gouverneur préférât attendre le départ de Bombay de Moura-Sing pour le juger, il était toujours enfermé dans un des cachots les plus sombres du fort de Golconde et tenu au secret rigoureux.
Sir Arthur Maury et les aides de camp de sir William Dudley pouvaient seuls pénétrer jusqu’au prisonnier.
C’était pour fêter ce que le gouverneur d’Hyderabad appelait avec emphase la délivrance de la province, qu’il donnait, le soir du jour où nous sommes arrivés, un grand bal dans son palais.
Sir Arthur et miss Ada étaient tout naturellement au nombre des invités,