Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/492

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Ces mots prononcés, le jeune constable s’éloigna de l’usine pour remplir la mission pénible dont il venait de se charger, et le manufacturier remonta dans ses bureaux afin d’y réparer autant que possible le désordre causé par les scènes d’invasion dont ils avaient été le théâtre.

Pendant ce temps-là, on relevait les morts dans la cour de l’usine et on écrouait dans la prison de Clerkenwell ceux des révoltés qui étaient tombés entre les mains des policemen.

Tous les prisonniers avaient d’abord été enfermés dans une salle commune, et James, en n’apercevant pas Tom, craignit un instant qu’il ne fût parmi les morts, mais plusieurs ouvriers lui affirmèrent qu’il n’en était rien.

On avait vu le colosse, toujours armé de sa redoutable masse de fer, se frayer un passage à travers les rangs des soldats et disparaître, avec un grand nombre de mutins, par une des portes latérales de l’usine qui n’était pas gardée.

Rassuré sur ce point si important pour lui, car il ne doutait pas que Tom s’empresserait de se rendre auprès de sa mère et de Mary, James put alors réfléchir à sa situation.

Il sentait bien qu’elle était grave à cause de la haine de M. Berney, et il le comprit encore davantage lorsque, le lendemain matin, le directeur de Clerkenwell, assisté d’un inspecteur de police, vint faire l’appel des prisonniers et ordonna que lui, James, ainsi que Cromfort et Welly, fût mis au secret.

Lorsque le malheureux se vit seul, dans la cellule obscure où on l’avait conduit, tout ce qui s’était passé la nuit précédente lui revint à la mémoire et le désespoir s’empara de son âme, car il se demanda si M. Berney, dans sa colère aveugle, n’allait pas le confondre, non pas avec les révoltés, ce qui l’inquiétait peu, mais avec les misérables pour qui la destruction de l’usine n’avait été qu’une occasion de vol et de pillage.

Ces tristes pensées le ramenèrent tout naturellement à miss Emma, et il se prit à espérer en elle.

Il ignorait que M. Berney, malgré les pleurs et les prières de sa fille ; venait d’approuver et de signer le rapport de police sur les événements du square de Beaumont, et que ce rapport contenait cette phrase :

« En ce qui concerne les ouvriers James, Welly et Cromfort, ils ont été surpris et arrêtés dans le bureau particulier de M. Berney, au moment où ils tentaient de forcer la caisse pour s’emparer des valeurs qu’elle renfermait. »

Quant à mistress Davis, inquiète de l’absence prolongée de son fils, elle s’était décidée, dans la matinée, à aller aux informations.

Après avoir appris l’incendie de l’usine de M. Berney et l’arrestation de