Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/506

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armé d’une rigueur inflexible lorsqu’il s’agissait de faire respecter la loi.

Ce n’était pas la première visite que le capitaine George faisait à l’honorable chef de la police métropolitaine, car sir Richard Mayne salua le jeune officier, en l’appelant par son nom, avant que de lui demander ce qui l’amenait de nouveau.

Ces échanges de politesse accomplis, George Wesley prit immédiatement la parole.

— Sir Richard, dit-il, vous vous souvenez qu’il y a trois mois à peu près, je suis venu vous prier de m’accepter parmi les constables volontaires que vous engagiez à Londres, en vue des mouvements populaires qui étaient à craindre.

— C’est vrai, monsieur, et je n’ai pas eu à me repentir de cet appel à la bonne volonté de mes concitoyens. C’est par milliers qu’ils sont accourus, comprenant, mieux que ne le font les Français nos voisins, qu’il n’y a rien de plus honorable que de faire partie des défenseurs de l’ordre et de la propriété.

— Eh bien, je dois faire à Votre Honneur un aveu, poursuivit sir George, c’est que je n’avais pas pour but unique d’être utile à la chose publique. J’arrivais des Indes, vous le savez, lorsque j’ai eu l’honneur de vous voir pour la première fois, et je n’étais rentré en Europe que pour me mettre à la poursuite d’un misérable, qui s’était réfugié à Londres après s’être joué de la justice du gouvernement colonial.

— J’ai déjà, en effet, entendu parler de cette affaire, mais j’avoue que jusqu’à présent j’ai hésité à croire tout ce qui m’a été raconté à ce sujet. Un seul fait est évident, c’est que le prince Moura-Sing, que le vice-roi avait muni de lettre de recommandations, n’est pas arrivé à Londres, et que le fils adoptif du radjah s’est évadé mystérieusement du tombeau où il avait été enseveli. Le prince est-il mort ? Jusqu’ici, officiellement du moins, on l’ignore, et ce Nadir est-il en Angleterre, comme on le suppose ? C’est ce que je ne saurais vous dire.

— Eh bien, sir Richard, moi je suis certain que cet homme est à Londres. Il y est sous le nom du comte de Villaréal et il habite Bedford square avec la fille de sir Arthur Maury, qu’il a enlevée.

— La fille du colonel Maury ?

— Elle-même ! Et comme ce Villaréal ou plutôt Nadir poursuit à l’égard de sir Arthur une œuvre de vengeance implacable, car il l’accuse de son arrestation, tout permet de supposer que c’est lui qui a fait assassiner ou tout au moins disparaître les deux fils du colonel et leur ami Edgar Berney.

— Oui, ces trois gentlemen ont disparu depuis plus de quinze jours et mes agents les ont vainement cherchés.

« Il y a tout lieu de craindre qu’ils aient été victimes d’un crime. Qui