Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/554

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En disant ces mots, George avait donné deux roupies d’argent à l’Hindou.

Celui-ci baisa les pièces de monnaie et la main de l’officier et se retira.

— Comprends-tu, Stilson ? dit Wesley à l’ex-guichetier de Golconde.

— Non, capitaine, répondit le gros homme tout surpris de la joie que reflétait la physionomie de son chef.

— C’est cependant clair. Sita va rejoindre Nadir, Nadir son fiancé !

— By God !

— Où ? nous le saurons bientôt, car nous allons la suivre. Ah ! cette fois, je le jure, il ne m’échappera pas !

Stilson était à ce point stupéfait qu’il ne pouvait prononcer un seul mot. C’est en répétant son juron favori qu’il acquiesça du geste et sortit pour faire ses préparatifs de départ.

Le lendemain matin, au lever du soleil, l’espion vint avertir que Nanda et Sita s’étaient mis en route. Le brahmine et la jeune femme avaient dit qu’ils se rendaient en pèlerinage à Tritchinapaly.

Ils voyageaient dans une voiture du pays traînée par deux bœufs et sans aucun serviteur.

Le capitaine George était donc certain de les rejoindre facilement.

Il fit prévenir Stilson et partit le soir même avec lui, après avoir demandé un congé d’un mois à sir William Dudley, le gouverneur d’Hyderabad, en prétextant d’une partie de chasse dans le Sud, car il ne voulait faire part à personne de son projet, dans la crainte où il était d’éprouver un nouvel échec.

L’ennemi de Nadir prit en passant à Velpoor ce Malabar qui, depuis trois mois, surveillait par ses ordres Nanda et Sita.

C’était un Hindou rusé, intelligent, du nom de Kalisha, dont le concours devait lui être indispensable, car il fallait que, sans être aperçu par le brahmine, il pût le suivre pas à pas.

Quarante-huit heures plus tard, George Wesley et ses compagnons rejoignaient le prêtre et la jeune femme sur les bords de la Krisnah.

À partir de ce moment, c’est-à-dire pendant douze jours, ils ne les perdirent pour ainsi dire plus de vue ; et un soir enfin, ils arrivèrent ensemble à Tritchinapaly.

Le lendemain matin, Nanda se rendit avec Sita à la fameuse pagode de Vischnou, sur une des îles du Kavery, en face de la ville, et l’officier put craindre un instant que les deux voyageurs ne fussent vraiment que ceux pèlerins, mais Kalisha, qui les avait espionnés, vint rapporter à George qu’il avait entendu un mendiant échanger avec le brahmine certaines paroles mystérieuses parmi lesquelles il avait retenu celles-ci :