Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/133

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nal, et qu’il s’était donné mission de réhabiliter M. Noblet, et, par contre coup, M. de Tiessant, il prit à partie la jeune femme.

Galamment, mais ironiquement, il la peignit nerveuse, romanesque, irritée de ne pas occuper la situation brillante que sa jeunesse passée au milieu du luxe et des adorations lui avait sans doute permis d’espérer, et, de plus, mal conseillée par son imagination en même temps que par la parente de qui elle recevait l’hospitalité ; car jamais, en Angleterre, quand elle vivait sous le toit conjugal, elle n’avait songé à se plaindre.

« Elle était alors tout entière à ses devoirs de famille, dont elle avait toujours eu de si bons exemples sous les yeux, et auxquels elle n’hésiterait pas à revenir ; tout entière à son fils, que la justice ne voudrait pas séparer de son père ; et comme, à Londres, elle ne trouverait pas à sa porte, dans sa propre maison, quelque beau cavalier, tel qu’il s’en rencontre parfois à Paris, pour protéger sa révolte, il l’estimait assez pour avoir la conviction qu’elle s’accoutumerait de nouveau à la vie calme, honnête, heureuse, que M. de Tiessant, soucieux de l’avenir de sa fille au milieu de ses propres infortunes, avait su lui procurer. »

Cette péroraison du célèbre avocat, dont certaines phrases avaient fait monter le rouge au front de Gilbert, fut immédiatement suivie du renvoi à huitaine, pour entendre l’organe du ministère public, et la foule se retira diversement impressionnée. Les uns tenaient