Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/146

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nerveuses, était parvenue à ouvrir la porte condamnée de sa chambre, s’élançait sur le palier, les yeux hagards, à demi-nue, folle de terreur !

L’escalier était devant elle, ciré, glissant, rapide, presque sombre encore, en raison de l’heure matinale, et elle allait s’y jeter, tête baissée, au risque de se briser sur les dalles du vestibule, lorsque soudain Ronçay, que tout ce bruit avait attiré hors de son appartement, l’arrêta au passage, l’enleva dans ses bras et l’emporta chez lui, où il l’étendit sur son lit, évanouie, à demi-morte.

Pendant ce temps-là, M. de Tiessant avait traversé la salle à manger et le salon de sa belle-sœur, pour gagner la chambre qu’il savait habitée par sa fille ; mais quand, arrivé dans cette pièce, il n’y trouva que le bébé dans son berceau et s’aperçut que la porte condamnée était ouverte, il s’écria, en étouffant un juron :

— Elle s’est sauvée ! Oh ! elle ne peut être loin !

Et, faisant signe au commissaire de police de le suivre, il descendit rapidement l’escalier et courut à la loge du concierge.

Cet homme n’avait vu passer personne. Il l’affirmait.

Alors le pamphlétaire réfléchit un moment, puis il entraîna M. Garnier jusque dans la cour, devant la porte de l’atelier du sculpteur, et là, poussant cette porte que Pierre avait ouverte dès l’aube pour son service, il dit ironiquement à M. Noblet qui, tout effaré, l’avait rejoint :