Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/156

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Aux premiers mots de Gilbert, il avait compris tout ce qui venait de se passer, et sur la promesse formelle de son ami de ne pas sortir, de l’attendre, de ne voir qui que ce fût jusqu’à son retour, il s’était chargé de suivre Éva et de revenir bientôt lui apporter de ses nouvelles.

Il l’avait autorisé seulement à écrire un mot à Mme  Bertin, pour l’informer de ce qu’il allait faire.

Arrivé place Saint-Sulpice, le fiacre qui emportait la fille de M. de Tiessant prit les rues du Four, de Buci et Dauphine et s’engagea sur le Pont-Neuf, pour tourner bientôt à droite et s’arrêter à deux cents mètres plus loin, quai de l’Horloge, devant l’une des portes de ce hideux amas de constructions vermoulues qui renfermaient alors les innombrables services de la Préfecture de police.

Les « égarés » du 18 mars, nos souverains actuels, ont brûlé tout cela. Ils avaient du moins des raisons toutes particulières pour agir ainsi. C’est le seul crime utile qu’ils ont commis.

Grâce à eux, ces vieux bâtiments honteux pour Paris et qui menaçaient ruine ont fait place, dix ans plus tôt que ne l’aurait permis le budget, à la partie du Palais de Justice où siègent aujourd’hui la Cour d’assises et la Cour d’appel.

Tout entière aux pensées qui l’absorbaient, Mme  Noblet ne s’était pas rendu compte du chemin qu’elle avait parcouru ; l’arrêt seul de la voiture la rappela à la réalité, et sur l’invitation de M. Garnier, elle mit pied à terre, mais pour trahir aussitôt, par un cri