Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/160

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basse de plafond, sordide, il était divisé en deux parties par une barrière de chêne à hauteur d’appui, dont la traverse supérieure était luisante, comme usée, vernie par les mains et les coudes de tous ceux qui s’y étaient appuyés, impatients, honteux ou défaillants, pour subir un premier interrogatoire.

D’un côté, pas d’autres sièges que deux ou trois chaises de paille pour les gardes municipaux, et des bancs de bois scellés à la muraille, où le badigeon grisâtre avait été enlevé, çà et là, par le frottement des épaules et taché de noir par des têtes grasses. Dans un coin, une cheminée à la prussienne, où fumait un feu de houille. De l’autre côté, au delà de la barrière, quatre pupitres de bois noir dos à dos, sur une large table, et des rayons chargés de grands registres numérotés.

Tout cela n’était éclairé que par une fenêtre basse, ouvrant sur une cour intérieure et garnie de carreaux dépolis. On était souvent obligé d’y allumer des lampes en plein midi.

Deux de ces pupitres seuls étaient occupés : l’un par le greffier de jour, un vieux fonctionnaire sceptique, accoutumé depuis un quart de siècle à toutes les misères humaines ; l’autre par son secrétaire, un de ces bureaucrates hargneux, qui se vengent volontiers sur le public de l’immobilité à laquelle ils sont condamnés pendant de longues heures.

Dans le premier moment, Mme  Noblet ne distingua rien autour d’elle. M. Garnier lui avait dit, rue d’Assas, qu’il allait la conduire près d’un magistrat. Elle s’at-