Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/179

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geusement cette épreuve. À travers les barreaux de la cellule où on m’enfermera, je tâcherai de ne voir que des horizons de liberté.

Le vieillard hochait la tête. Cette exaltation, cette résolution de Mme Noblet devaient cacher un mystère, non pas un mystère honteux, mais quelque rêve de son pauvre cœur brisé. Il ne voulut pas la questionner, espérant d’ailleurs que, tout en respectant sa volonté, il parviendrait à attendrir ses juges, à lui épargner la honte d’une condamnation et peut-être même à sortir complètement vainqueur de cette affaire.

Hélas ! quinze jours plus tard, cet espoir était cruellement déçu ; malgré tous les efforts généreux de l’éloquent avocat, la première Chambre du tribunal civil de la Seine prononçait la séparation de corps des époux Noblet au profit du mari, donnait à celui-ci la garde de son fils et, usant de son droit en semblable matière, condamnait à trois mois de prison l’épouse convaincue d’adultère.

Quand, les larmes aux yeux, Me Mansart vint apprendre ce jugement à Éva, elle n’y vit qu’une chose : on lui enlevait son enfant. Alors tout son courage l’abandonna, elle jeta des cris de désespoir, s’accusant d’avoir creusé elle-même l’abîme qui la séparait de son fils, par son entêtement, son orgueil, son égoïsme à reculer devant l’existence que son amour maternel lui commandait d’accepter.

Comment son défenseur n’avait-il pas prévu cette terrible décision de la justice ?