Le directeur, M. Roussel, parut peu d’instants après. C’était un homme fort intelligent et tout à la fois ferme et bon. Il savait être sévère, impitoyable pour les brebis galeuses de son nombreux troupeau, et rempli d’humanité envers celles qui se montraient dignes d’intérêt.
Il vint à Mme Noblet, qui s’était levée à son entrée dans le greffe, et la rassura tout de suite un peu, ainsi que Mme Bertin, par ces paroles :
— Vous m’êtes recommandée, madame, d’une façon toute particulière ; je sais qui vous êtes. Soyez donc certaine que j’adoucirai de tout mon pouvoir la rigueur des règlements. Je vais vous faire donner une cellule, c’est-à-dire une chambre dans le quartier des prévenues. Là, vous serez séparée des autres détenues et n’aurez affaire qu’aux Sœurs. Venez.
— Merci, monsieur, fit Éva avec reconnaissance. Voulez-vous permettre à ma tante de m’accompagner ? Oh ! seulement pour qu’elle puisse me quitter avec moins de chagrin quand elle aura vu où je vais vivre.
— Soit ! Mais votre parente pourra venir vous rendre visite deux ou trois fois par semaine. Elle n’aura qu’à en demander la permission à la Préfecture de police, au bureau des prisons, et moi, je l’autoriserai à monter près de vous, au lieu de vous faire demander au parloir.
— Encore merci, monsieur !
Mme Bertin se releva et elles suivirent toutes deux