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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/211

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comprenant ce que voulaient dire la rougeur et l’humilité de la pauvre enfant, elle l’avait attirée à elle pour lui répondre avec un sourire de pardon : « Le mal qu’on t’a fait te donnait le droit de disposer de ton cœur ; tu ne cesseras jamais d’être ma fille chérie. » Et elle l’avait embrassée tendrement.

Le lendemain, en apercevant son voisin, qui semblait l’éviter, la bonne veuve était allée à sa rencontre, et lui avait dit simplement : « Pourquoi me fuyez-vous ? Ce qui est arrivé était fatal. De nous trois, le vrai coupable, c’est moi ! Continuez à avoir pour votre vieille amie les sentiments qu’elle a toujours pour vous. » Et le sculpteur lui avait baisé respectueusement les mains.

Cependant, malgré cette indulgence d’âme sans reproche de la seule parente qu’Éva eût à Paris, Gilbert avait cru devoir quitter la rue d’Assas, par respect pour cette parente et par respect pour Éva elle-même, dont le procès était connu de tout le quartier.

Il avait trouvé, pas trop loin de là, boulevard des Invalides, un local assez vaste pour être divisé en trois parties : un grand atelier au rez-de-chaussée, un appartement au-dessus avec escalier intérieur, et un second appartement qui communiquait avec le tout, bien qu’ayant une entrée particulière dans un autre corps de logis de la maison.

À cette époque, Mlle de Tiessant était encore trop tout entière à Gilbert, et aussi trop jeune, trop inexpérimentée pour que son orgueil se refusât à accepter