Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/230

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Plouenec lui plaisait. Il ne s’agissait que de pouvoir s’y installer à peu près. Ils eurent la chance d’y réussir mieux qu’ils ne devaient le supposer.

Un riche marchand de toiles de Lamballe avait fait construire à mi-côte, au-dessus du village, une espèce de chalet dont il s’était dégoûté bien vite et qui était à louer. Gilbert s’entendit le jour même avec le représentant du propriétaire, un ancien pilote qui était maire du pays, et le lendemain, après une nuit passée à l’auberge, les voyageurs prirent possession de la Folie-Lainé.

Élevée sur le bord du chemin vicinal qui grimpait en serpentant la colline pour redescendre ensuite vers Erquy, adossée à un petit bois de sapins, dont l’éternel feuillage résistait aux vents du Nord, et précédée d’une terrasse d’où les yeux embrassaient un horizon sans bornes, la maison était en très bon état.

Il suffit de huit jours à Mlle  de Tiessant pour en faire, avec l’aide d’un tapissier de Lamballe, une habitation confortable, et bientôt, là, loin du docteur Bernel, dont la froide, raison et le scepticisme les maintenaient à peu près dans la réalité des choses, les deux amants commencèrent une existence nouvelle, qui allait, malheureusement pour leur bonheur, les transformer tous deux.

À Paris, Éva était une compagne d’intérieur ; condamnée par sa situation même à ne sortir que fort rarement avec Gilbert, elle était restée pour lui la femme du foyer que le mariage avait faite en faveur