Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il en arriva que, séduit tout d’abord par sa jeunesse et sa beauté, le public lui sut gré de sa façon d’être et de dire toute personnelle, et qu’à Gênes, où elle débuta par le Sphinx, elle réussit complètement. Quand, un mois plus tard, elle partit pour Florence, le bruit de son talent l’avait précédée ; elle n’avait rien à redouter de l’accueil que lui réservaient les habitués du théâtre des Loges.

En effet, dans la capitale de l’ancien grand-duché de Toscane, la Daltès, comme on l’appelait, fut littéralement acclamée dans Froufrou, ce qui la rendit doublement heureuse et fière, car son amant était venu tout exprès de Paris pour cette représentation. Il est vrai que ce rôle de Froufrou, comme par un étrange pressentiment, était le rôle favori de la jeune comédienne.

Malheureusement, Ronçay ne pouvait prendre à cette époque, — on était au commencement de décembre — que quelques jours de liberté, mais comme son amie paraissait en bonne santé, en excellentes dispositions d’esprit, et que le résultat heureux de sa campagne artistique ne pouvait faire l’ombre d’un doute, il la quitta fort tranquille sur l’avenir, en lui promettant de la rejoindre à Naples ou à Rome dans quelques semaines.

Éva s’était bien gardée de dire à Gilbert qu’à Gênes, à la suite de l’émotion qu’elle avait éprouvée en paraissant devant une salle dont les dispositions à son égard lui étaient inconnues, elle avait eu une de ces crises nerveuses qui ne duraient que quelques