Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/27

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teté, ne vous en inquiétez pas. Vous ferez arrêter votre voiture au fond de la place Saint-Pierre, à droite, sous la colonnade du Bernin, devant la porte de bronze, et vous trouverez là, puis ensuite à chaque pas en quelque sorte, des camériers, des gardes qui vous indiqueront votre chemin. Pie IX vous recevra sans doute dans son appartement particulier ; vous aurez une longue route à parcourir, de nombreux escaliers à monter, cela ne vous fatiguera-t-il pas beaucoup ?

— Oh ! je suis forte, Monseigneur, je suis forte, affirma la malade, qui ne perdait pas un mot des détails que le frère du cardinal Lucien lui donnait avec tant d’obligeance.

— Du reste, vous pourrez vous reposer çà et là, car vous traverserez bien des salons déserts ; les jours brillants où les courtisans de la papauté les encombraient sont loin. Ce que je crains fort aussi, c’est que vous ne puissiez profiter de l’occasion pour visiter les jardins du Vatican, car le temps est couvert et je crois que nous allons avoir un de ces vilains orages comme il en éclate souvent à Rome en cette saison. Vous ne savez pas que c’est peut-être à une promenade dans ces jardins-là qu’a tenu la conversion de Rachel.

— Racontez-nous cela, fit curieusement la maîtresse de Ronçay.

— À la prière de l’ambassadeur de France, la grande tragédienne avait été reçue par Pie IX, et elle s’était montrée si émue, si touchée des paroles