Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/26

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doigt son nom, à elle, qui remplissait, tracé à la plume, l’un des vides de l’imprimé, elle lui dit avec un inexprimable accent d’orgueil :

— C’est moi, c’est bien moi que le Saint-Père recevra. Tiens, lis toi-même : Éva Daltès. Tu vois ? Ce n’est pas Mlle de Tiessant, c’est Éva, ta pauvre Éva, la comédienne, que le Pape bénira. Que Dieu lui donne de longs jours ! Oh ! pardon, Monseigneur, pardon !

La jeune femme s’excusait ainsi du tutoiement qu’elle venait d’employer en parlant à Gilbert. Devant les personnes qui n’étaient pas de leur intimité absolue, toujours elle lui disait : vous, non pour témoigner de sa bonne éducation, mais par respect pour ces personnes et aussi par respect pour elle-même, ne voulant pas afficher en public sa situation irrégulière, si fière qu’elle fût de l’amour qu’elle inspirait et ressentait de toute son âme, de tout son être.

Au mouvement de sa jolie compatriote, le prince avait souri, et quand, pour obéir à son affectueuse invitation, elle eut repris place sur sa chaise longue, il lui dit :

— Suivez bien les instructions qui sont en marge de votre lettre d’audience. On en a même oublié une. Non seulement les femmes doivent être vêtues de noir et uniquement coiffées d’un voile de même couleur, mais les gants leur sont interdits, ainsi qu’aux hommes, que ceux-ci soient en uniforme ou en habit. Quant à l’itinéraire que vous aurez à suivre une fois au Vatican, pour vous rendre auprès de Sa Sain-