Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/292

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l’hôtel de la Minerve, où la comédienne demeurait.

Tout le long du chemin, ils n’échangèrent pas une parole. Blottie contre son amant, la jeune femme semblait renaître, et le sculpteur, en la voyant si fraîche, si frissonnante de tendresse et à peine amaigrie, se laissait aller à l’espoir qu’elle s’exagérait la gravité de sa maladie et que son médecin se trompait.

Il ne se doutait pas que pour venir au-devant de lui, tout à la fois par coquetterie et par amour, pour ne pas être un objet de pitié et pour être belle encore, la courageuse enfant s’était fait elle-même une de ces piqûres de morphine qui, momentanément, lui rendaient l’apparence de la santé.

Hélas ! une heure plus tard, après avoir vu le docteur Tavini, Ronçay ne pouvait plus douter de la situation en quelque sorte désespérée d’Éva, et le soir, quand il eut assisté à une de ces crises horribles qui maintenant la prenaient presque tous les jours, il comprit qu’il n’avait plus qu’un devoir à remplir : emmener bien vite la malheureuse à Paris pour la mettre entre les mains de docteurs qui, peut-être, parviendraient à la sauver, ou pour qu’elle y mourût chez elle, comme Froufrou, ainsi qu’elle le lui avait demandé.

Ce qui effrayait Gilbert, ce n’était pas seulement la marche rapide de la maladie de sa bien-aimée, c’était aussi l’exaltation de son esprit.

En lui donnant les moindres détails sur la vie que menait Mlle de Tiessant depuis qu’elle était tombée malade, Jeanne n’avait pas manqué de lui parler de