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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/311

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chair en échange de chacun de ses triomphes, et elle ne put retenir ses larmes.

Mais ses regrets s’effacèrent cependant assez vite devant des pensées moins sombres, grâce aux soins intelligents de ceux qui l’entouraient, grâce à la tendresse fraternelle de Gilbert, qui semblait se soumettre à son sort, ce dont elle le remerciait du fond de l’âme ; grâce aux baisers de Blanche, à la présence de Mme Bertin, qui arrivait le matin pour ne retourner rue d’Assas que le soir, et enfin grâce à la gaieté de Bernel, dont l’esprit et les paradoxes l’entretenaient dans des espérances que la solitude ne lui aurait pas permis d’accepter.

Il advint de tout cela que, dans les premiers jours de mai, quand Mlle de Tiessant partit pour Nogent, son état de santé ne paraissait pas s’être aggravé et que son moral était meilleur.

Aussi s’étendit-elle avec une véritable sensation de bien-être dans le grand landau qui allait la conduire à la campagne. Sa tante et sa fille avaient pris place auprès d’elle. Ronçay et Bernel suivaient en coupé. Les domestiques s’en allaient par le chemin de fer ; on les retrouverait à la villa.

Afin d’éviter le pavé, les voitures remontèrent le boulevard des Invalides, gagnèrent celui d’Enfer et celui de la Gare, franchirent la Seine au pont de Bercy et, par l’avenue Daumesnil, entrèrent dans le bois de Vincennes.

Le temps était superbe, la matinée tiède et parfumée des senteurs des tilleuls et des sapins ; les pe-