Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/353

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près de son amie, dont la jalousie, forcément, s’était calmée, et il espérait que les choses se poursuivraient ainsi, lorsqu’un matin, à sa stupeur, Éva, chez laquelle il était entré avant de quitter les Tilleuls, dit à son amant, assis sur son lit :

— Est-ce que tu n’iras pas à Paris aujourd’hui ? Je ne veux pas que tu continues ainsi à délaisser tes travaux. Les journées sont interminables ici, pour toi, qui n’es pêcheur ni canotier.

— Comment, interminables, fit galamment Gilbert en baisant les petites mains de la jeune femme ; et toi ?

— Oh ! moi, je suis insupportable, souvent, bien souvent ! N’est-ce pas, mon bon docteur ?

— Vous savez bien que nous ne sommes jamais d’accord, répondit Bernel en riant. Mon avis est, au contraire, que Ronçay est fort bien à la campagne. Si je pouvais n’en pas sortir pour rentrer dans la fournaise !

— Oui, oui, vous dites cela parce que vous croyez que je suis jalouse, que j’ai peur de Paris pour lui ! J’étais folle quand j’avais de ces idées-là. Maintenant, je suis revenue à la raison. Je vous en prie, emmenez-le. J’ai honte, voyez-vous, de l’accaparer ainsi ! C’est vraiment trop d’égoïsme ! Qu’il ne s’absente pas tous les jours, soit ! mais qu’il se rende libre au moins de temps en temps !

— Alors, c’est toi qui me chasses ? demanda le sculpteur à sa maîtresse avec un geste d’amicale menace.