Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/368

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s’être assurée que sa nièce plus besoin de rien et Éva passa dans le même état une grande partie de la nuit ; mais vers cinq heures, elle ferma plus complètement les paupières, la pression de ses doigts se relâcha, et elle parût reposer assez tranquillement, bien que la commissure de ses lèvres et les ailes de ses narines, devenues presque diaphanes, fussent agitées incessamment de petits mouvements nerveux. Elle ne se plaignait pas et ne semblait pas souffrir. Cependant sa respiration était inégale : tantôt lente, à peine perceptible ; tantôt, au contraire, précipitée et bruyante.

Malgré la prière de Jeanne qui lui avait offert dix fois de veiller, Gilbert n’avait pas voulu s’éloigner. Accroupi sur un coussin, il avait laissé tomber sa tête sur le bord du lit, et là, brisé de fatigue, il s’était endormi, un des bras de l’adorée autour de son cou.

Au petit jour, la bonne tante descendit, entra dans la chambre, et en voyant les deux amants aussi tranquilles, elle éteignit la lampe et se retira doucement, en fermant à demi la porte.

Vers neuf heures, Bernel arriva. C’était seulement en rentrant chez lui, après avoir passé la nuit auprès d’un client, qu’il avait eu la dépêche des Tilleuls.

Jeanne, qui le guettait sur la porte, lui raconta la scène du kiosque, récit qui lui valut deux affectueux baisers sur les joues : et un « Tu es vraiment une brave fille ! » des plus énergiques ; mais en apprenant la longue insomnie de Mlle de Tiessant, puis l’assoupissement qui lui avait succédé et durait en-