Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/386

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cendre avec la bière et traversaient les groupes recueillis de ceux qui étaient venus pour conduire Mlle  de Tiessant à sa dernière demeure et ne pouvaient plus la suivre.

Au moment où, soutenu par le docteur, Ronçay arrivait dans le parterre, à l’angle de la maison, le cercueil franchissait la grille.

Une minute après, on entendit le grincement des rouleaux sur lesquelles il glissait pour prendre place sur la plate-forme du char, puis les roues du corbillard des pauvres cahotèrent sur les pierres du chemin et il disparut derrière les arbres.

Alors, échappant à son ami, le créole tomba lourdement à genoux et, la tête entre ses mains, s’écria :

— Ah ! c’est fini, bien fini ! Éva ! Éva ! Tu m’es enlevée tout à fait, je n’ai plus rien à faire en ce monde !

— Tu te trompes, mon frère, tu te trompes, lui dit Bernel, en lui relevant le front et en le forçant à tourner les yeux vers Blanche, qui tendait ses petites mains jointes du côté où sa mère s’en est allée pour toujours : il te reste à faire ton devoir !

Gilbert hésita quelques secondes, puis il comprit, se redressa, courut à l’enfant, la prit entre ses bras et se mit à éclater en sanglots.

Il était sauvé de la folie !

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Ronçay n’a pu se décider à envoyer sa « Vierge