Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/40

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déborde de toutes parts. Rome m’a vaincu. Cette ville est une enchanteresse ; elle épuise ; elle endort.

J’aime l’imagination plastique de ce peuple ; j’aime ses poétiques rêves et jusqu’à ses superstitions, j’aime cette religion extérieure et sensuelle, il est vrai, mais pleine du sentiment de la forme et du vif instinct de la beauté réalisée. Notre idéalisme est abstrait, sévère, sans images ; celui de ce peuple est plastique, invinciblement porté à se traduire et à s’exprimer. Mais au fond, ce peuple vit plus que nous dans l’idéal. Entrez dans une église à l’heure où vous entendez la cloche tinter la prière, et où vous voyez entrer les femmes en se couvrant la tête de leur mouchoir. Elles sont là, les lèvres closes, l’œil vague, mais facile à détourner. Ce qu’elles entendent et ce qu’elles disent n’est pour