Page:Renan - Ecclesiaste - Arlea.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

méthode ? Que deviendrait en un tel idiome la phrase suivante de Spinoza ?


L’expérience m’ayant appris à reconnaître que tous les événements de la vie commune sont choses vaines et futiles, que tous les objets de nos craintes n’ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu’autant que l’âme en est touchée, j’ai pris enfin la résolution de rechercher s’il existe un bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l’âme tout entière, après qu’elle a rejeté tous les autres biens, un bien, en un mot, qui donne à l’âme, quand elle le trouve et le possède, l’éternel et suprême bonheur.


Et ce beau cri de l’âme vertueuse de Kant ?


Devoir ! mot grand et sublime, toi qui n’as rien d’agréable ni de flatteur, et qui commandes la soumission, sans pourtant employer pour ébranler la volonté des menaces propres à exciter naturellement l’aversion et la terreur, mais en te bornant à proposer une loi qui d’elle-même s’introduit dans l’âme et la force au respect (sinon toujours à l’obéissance), et devant laquelle se taisent tous les penchants, quoiqu’ils travaillent sourdement contre elle, quelle origine est digne de toi ? Où trouver la racine de la noble tige qui repousse fièrement toute alliance avec les penchants, cette racine où il faut placer la condition indispensable de la valeur que les hommes peuvent se donner à eux-mêmes ?


Cohélet, au fond, a compris tout cela et voudrait le dire. Il a l’esprit philosophique ; mais il n’a pas une langue philosophique à sa disposition. Ses efforts