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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/131

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travail manuel, dans la société juive d’alors, occupait très-peu. Tout le monde y avait un métier, et ce métier n’empêchait nullement qu’on fût un homme instruit ou bien élevé. Chez nous, les besoins matériels sont si difficiles à satisfaire, que l’homme vivant de ses mains est obligé de travailler douze ou quinze heures par jour ; l’homme de loisir peut seul vaquer aux choses de l’âme ; l’acquisition de l’instruction est une chose rare et chère. Mais, dans ces vieilles sociétés, dont l’Orient de nos jours donne encore une idée, dans ces climats, où la nature est si prodigue pour l’homme et si peu exigeante, la vie du travailleur laissait bien du loisir. Une sorte d’instruction commune mettait tout homme au courant des idées du temps. La nourriture et le vêtement suffisaient[1] ; avec quelques heures de travail peu suivi, on y pourvoyait. Le reste appartenait au rêve, à la passion. La passion avait atteint dans ces âmes un degré d’énergie pour nous inconcevable. Les Juifs de ce temps[2] nous paraissent de vrais possédés, chacun obéissant comme un ressort aveugle à l’idée qui s’est emparée de lui.

L’idée dominante, dans la communauté chrétienne, au moment où nous sommes, et où les apparitions ont

  1. Deuter., x, 18 ; I Tim., vi, 8.
  2. Lire la Guerre des Juifs de Josèphe.