Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle confondit la plus légitime des libertés, celle d’adorer à sa manière, avec des abus qu’aucune société n’a jamais pu supporter impunément.

Pierre avait parmi les apôtres une certaine primauté, tenant surtout à son zèle et à son activité[1]. En ces premières années, il se sépare à peine de Jean, fils de Zébédée. Ils marchaient presque toujours ensemble[2], et leur concorde fut sans doute la pierre angulaire de la foi nouvelle. Jacques, frère du Seigneur, les égalait presque en autorité, au moins dans une fraction de l’Église. Quant à certains amis intimes de Jésus, comme les femmes galiléennes, la famille de Béthanie, nous avons déjà remarqué qu’il n’est plus question d’eux. Moins soucieuses d’organiser et de fonder, les fidèles compagnes de Jésus se contentaient d’aimer mort celui qu’elles avaient aimé vivant. Plongées dans leur attente, les nobles femmes qui ont fait la foi du monde étaient presque des inconnues pour les hommes importants de Jérusalem. Quand elles moururent, les traits les plus importants de l’histoire du christianisme naissant furent mis au tombeau avec elles. Les rôles actifs font seuls la renommée ; ceux qui se con-

  1. Act., i, 15 ; ii, 14, 37 ; v, 3, 29 ; Gal., i, 18 ; ii, 8.
  2. Act., iii, 1 et suiv. ; viii, 14 ; Gal., ii, 9. Comparez Jean, xx, 2 et suiv. ; xxi, 20 et suiv.