Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/173

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celui que les fidèles « chantaient en leur cœur[1] », et qui n’était que le trop-plein de ces âmes tendres, ardentes et rêveuses, il s’exécutait sans doute comme les cantilènes des lollards du moyen âge, à mi-voix[2]. En général, c’était la joie qui s’épanchait par ces hymnes. Une des maximes des sages de la secte était : « Si tu es triste, prie ; si tu es gai, chante[3]. »

Purement destinée, du reste, à l’édification des frères assemblés, cette première littérature chrétienne ne s’écrivait pas. Composer des livres était une idée qui ne venait à personne. Jésus avait parlé ; on se souvenait de ses paroles. N’avait-il pas promis que la génération de ses auditeurs ne passerait pas avant qu’il reparût[4] ?

    l’usage d’un instrument à cordes, mais avec le temps il était devenu synonyme de « chanter des psaumes ».

  1. Col., iii, 16 ; Eph., v, 19.
  2. Voir du Cange, au mot Lollardi (édit. Didot). Comparez les cantilènes des Cévenols. Avertissemens prophétiques d’Elie Marion (Londres 1707), p. 10, 12, 14, etc.
  3. Jac., v, 13.
  4. Matth., xvi, 28 ; xxix, 34 ; Marc, viii, 39 ; xiii, 30 ; Luc, ix, 27 ; xxi, 32.