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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/177

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L’ignorance rendait tout possible à cet égard. Ne voyons-nous pas, de nos jours, des personnes honnêtes, mais auxquelles manque l’esprit scientifique, trompées d’une façon durable par les chimères du magnétisme et par d’autres illusions[1] ?

Ce n’est point par ces erreurs naïves, ni par les chétifs discours que nous lisons dans les Actes, qu’il faut juger des moyens de conversion dont disposaient les fondateurs du christianisme. La vraie prédication, c’étaient les entretiens intimes de ces hommes bons et convaincus ; c’était le reflet, encore sensible dans leurs discours, de la parole de Jésus ; c’était surtout leur piété, leur douceur. L’attrait de la vie commune qu’ils menaient avait aussi beaucoup de force. Leur maison était comme un hospice où tous les pauvres, tous les délaissés trouvaient asile et secours.

Un des premiers qui s’affilièrent à la société naissante fut un Chypriote nommé Joseph Hallévi ou le Lévite. Il vendit son champ comme les autres, et en apporta le prix aux pieds des Douze. C’était un homme intelligent, d’un dévouement à toute épreuve, d’une parole facile. Les apôtres se l’attachèrent de très-près, et l’appelèrent Bar-naba,

  1. Pour les Mormons, le miracle est chose quotidienne ; chacun a les siens. Jules Remy, Voy. au pays des Mormons, I, p. 140, 192, 259-260 ; II, 53 et suiv.