Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/194

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nées. Ce furent les plus fécondes de l’histoire du christianisme. On sent que la pensée encore vivante de Jésus remplit ses disciples et les dirige en tous leurs actes avec une merveilleuse lucidité. Pour être juste, en effet, c’est à Jésus qu’il faut reporter l’honneur de ce que les apôtres firent de grand. Il est probable que, de son vivant, il avait jeté les bases des établissements qui se développèrent avec un plein succès aussitôt après sa mort.

Les femmes accouraient naturellement vers une communauté où le faible était entouré de tant de garanties. Leur position dans la société d’alors était humble et précaire[1] ; la veuve surtout, malgré quelques lois protectrices, était le plus souvent abandonnée à la misère et peu respectée. Beaucoup de docteurs voulaient qu’on ne donnât à la femme aucune éducation religieuse[2]. Le Talmud met sur le même rang parmi les fléaux du monde la veuve bavarde et curieuse, qui passe sa vie en commérages chez les voisines, et la vierge qui perd son temps en prières[3]. La nouvelle religion créa à ces pauvres dés-

  1. Sap., ii, 10 ; Eccli., xxxvii, 17 ; Matth., xxiii, 14 ; Marc, xii, 40 ; Luc, xx, 47 ; Jac., i, 27.
  2. Mischna, Sota, iii, 4.
  3. Talm. de Bab., Sota, 22 a ; comp. I Tim., v, 13 ; Buxtorf, Lex. chald. talm. rabb., aux mots צליכית et שוככית.