Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fils de Hillel, homme à idées larges et très-tolérant, opina, dit-on, dans le sanhédrin en faveur de la liberté des prédications évangéliques[1]. L’auteur des Actes lui prête un raisonnement excellent, qui devrait être la règle de conduite des gouvernements, toutes les fois qu’ils se trouvent en présence de nouveautés dans l’ordre intellectuel ou moral. « Si cette œuvre est frivole, laissez-la, elle tombera d’elle-même ; si elle est sérieuse, comment osez-vous résister à l’œuvre de Dieu ? En tout cas, vous ne réussirez pas à l’arrêter. » Gamaliel fut peu écouté. Les esprits libéraux, au milieu de fanatismes opposés, n’ont aucune chance de réussir.

Un éclat terrible fut provoqué par le diacre Étienne[2]. Sa prédication avait, à ce qu’il paraît, beaucoup de succès. La foule s’amassait autour de lui, et ces rassemblements aboutissaient à des querelles fort vives. C’étaient surtout des hellénistes ou des prosélytes, des habitués de la synagogue dite des Libertini[3], des gens de Cyrène, d’Alexandrie, de Cilicie, d’Éphèse, qui s’animaient à ces disputes. Étienne soutenait

  1. Act., v, 34 et suiv. Voir Vie de Jésus, p. 220-221.
  2. Act., vi, 8 ; vii, 59.
  3. Probablement des descendants des Juifs qui avaient été amenés à Rome comme esclaves, puis affranchis. Philon, Leg. ad Caium, § 23 ; Tacite, Ann., II, 85.