Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec passion que Jésus était le Messie, que les prêtres avaient commis un crime en le mettant à mort, que les Juifs étaient des rebelles, fils de rebelles, des gens qui niaient l’évidence. Les autorités résolurent de perdre ce prédicateur audacieux. Des témoins furent apostés pour saisir en ses discours quelque parole contre Moïse. Naturellement, ils trouvèrent ce qu’ils cherchaient. Étienne fut arrêté, et on l’amena devant le sanhédrin. Le mot qu’on lui reprochait était presque celui-là même qui amena la condamnation de Jésus[1]. On l’accusait de dire que Jésus de Nazareth détruirait le temple, et changerait les traditions qu’on attribuait à Moïse. Il est très-possible, en effet, qu’Étienne eût tenu un pareil langage. Un chrétien de cette époque n’aurait pas eu l’idée de parler directement contre la Loi, puisque tous l’observaient encore ; quant aux traditions, Étienne put les combattre, comme l’avait fait Jésus lui-même ; or, ces traditions étaient follement rapportées à Moïse par les orthodoxes, et on leur attribuait une valeur égale à celle de la loi écrite[2].

Étienne se défendit en exposant la thèse chrétienne avec un grand luxe de citations de la Loi, des

  1. Voir Vie de Jésus, p. 354, 396, 424.
  2. Matth., xv, 2 et suiv. ; Marc, vii, 3 : Gal., i, 14.