Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/221

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homme de sa génération n’était aussi zélé que lui pour les traditions[1]. Souvent, il est vrai, la douceur, la résignation de ses victimes l’étonnait ; il éprouvait comme un remords ; il s’imaginait entendre ces femmes pieuses, espérant le royaume de Dieu, qu’il avait jetées en prison, lui dire pendant la nuit, d’une voix douce : « Pourquoi nous persécutes-tu ? » Le sang d’Étienne, qui avait presque jailli sur lui, lui troublait parfois la vue. Bien des choses qu’il avait ouï dire de Jésus lui allaient au cœur. Cet être surhumain, dans sa vie éthérée, d’où il sortait quelquefois pour se révéler en de courtes apparitions, le hantait comme un spectre. Mais Saül repoussait avec horreur de telles pensées ; il se confirmait avec une sorte de frénésie dans la foi à ses traditions, et il rêvait de nouvelles cruautés contre ceux qui les attaquaient. Son nom était devenu la terreur des fidèles ; on craignait de sa part les violences les plus atroces, les perfidies les plus sanglantes[2].

    suiv. ; Gal., i, 13, 23 ; I Cor., xv, 9 ; Phil., iii, 6 ; I Tim., i, 13.

  1. Gal., i, 14 ; Act., xxvi, 5 ; Phil., iii, 5.
  2. Act., ix, 13, 21, 26.