Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/23

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des Actes est bien le disciple de Paul qui dit « nous » aux derniers chapitres. Toutes les difficultés, quelque insolubles qu’elles paraissent, doivent être, sinon écartées, du moins tenues en suspens par un argument aussi décisif que celui qui résulte de ce mot « nous ». Ajoutons qu’en attribuant les Actes à un compagnon de Paul, on explique deux particularités importantes : d’une part, la disproportion des parties de l’ouvrage, dont plus des trois cinquièmes sont consacrés à Paul ; de l’autre, la disproportion qui se remarque dans la biographie même de Paul, dont la première mission est exposée avec une grande brièveté, tandis que certaines parties de la deuxième et de la troisième mission, surtout les derniers voyages, sont racontés avec de minutieux détails. Un homme tout à fait étranger à l’histoire apostolique n’aurait pas eu de ces inégalités. L’ensemble de son ouvrage eut été mieux conçu. Ce qui distingue l’histoire composée d’après des documents de l’histoire écrite en tout ou en partie d’original, c’est justement la disproportion : l’historien de cabinet prenant pour cadre de son récit les événements eux-mêmes, l’auteur de mémoires prenant pour cadre ses souvenirs ou du moins ses relations personnelles. Un historien ecclésiastique, une sorte d’Eusèbe, écrivant vers l’an 120, nous eût légué un livre tout autrement