Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/24

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distribué à partir du chapitre xiii. La façon bizarre dont les Actes, à ce moment, sortent de l’orbite où ils tournaient jusque-là, ne s’explique, selon moi, que par la situation particulière de l’auteur et ses rapports avec Paul. Ce résultat sera naturellement confirmé si nous trouvons parmi les collaborateurs connus de Paul le nom de l’auteur auquel la tradition attribue notre écrit.

C’est ce qui a lieu en effet. Les manuscrits et la tradition donnent pour auteur au troisième Évangile un certain Lucanus[1] ou Lucas. De ce qui a été dit, il résulte que, si Lucas est vraiment l’auteur du troisième Évangile, il est également l’auteur des Actes. Or, ce nom de Lucas, nous le rencontrons justement comme celui d’un compagnon de Paul, dans l’épître aux Colossiens, iv, 14 ; dans celle à Philémon, 24, et dans la deuxième à Timothée, iv, 11. Cette dernière épître est d’une authenticité plus que douteuse. Les épîtres aux Colossiens et à Philémon, de leur côté, quoique très-probablement authentiques, ne sont pourtant pas les épîtres les plus indubitables de saint Paul. Mais ces écrits sont, en tout cas, du premier siècle, et cela suffit pour prouver invinciblement que, parmi les disciples de Paul, il exista un Lucas.

  1. Mabillon. Museum Italicum, I. 1a pars, p. 109.