Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/261

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sit-il au succès d’une prédication tout idéaliste et fondée sur la croyance à une prochaine fin du monde. On ne trouve aucune trace, en effet, d’une Église d’Arabie fondée par saint Paul. Si la région du Hauran devient, vers l’an 70, un des centres les plus importants du christianisme, elle le doit à l’émigration des chrétiens de Palestine, et ce sont justement les ennemis de saint Paul, les ébionites, qui ont de ce côté leur principal établissement.

À Damas, où il y avait beaucoup de juifs[1], Paul fut plus écouté. Il entrait dans les synagogues, et se livrait à de vives argumentations pour prouver que Jésus était le Christ. L’étonnement des fidèles était extrême ; celui qui avait persécuté leurs frères de Jérusalem et qui était venu pour les enchaîner, le voilà devenu leur premier apologiste[2] ! Son audace, sa singularité, avaient bien quelque chose qui les effrayait ; il était seul ; il ne prenait conseil de personne[3] ; il ne faisait pas école ; on le regardait avec plus de curiosité que de sympathie. On sentait que c’était un frère, mais un frère d’une espèce toute particulière. On le croyait inca-

  1. Jos., B. J., I, ii, 25 ; II, xx, 2.
  2. Act., ix, 20-22.
  3. Gal., i, 16. C’est le sens de οὐ προσανεθέμην σαρκὶ καὶ αἵματι. Comp. Matth., xvi, 17.