Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/264

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auquel ils tenaient le plus, le droit de tuer les personnes qu’ils, regardaient comme infidèles à la Loi[1]. Or, les années où nous sommes arrivés comptèrent entre les plus orageuses de l’histoire, toujours si troublée, de ce peuple singulier.

L’antipathie que les Juifs, par leur supériorité morale, leurs coutumes bizarres, et aussi par leur dureté, excitaient chez les populations au milieu desquelles ils vivaient, était arrivée à son comble, surtout à Alexandrie[2]. Ces haines accumulées profitèrent, pour se satisfaire, du passage à l’empire d’un des fous les plus dangereux qui aient régné. Caligula, au moins depuis la maladie qui acheva de déranger ses facultés mentales (octobre 37), donnait l’affreux spectacle d’un écervelé gouvernant le monde avec les pouvoirs les plus énormes que jamais homme eût tenus dans sa main. La loi désastreuse du césarisme rendait possibles de telles horreurs, et faisait qu’elles étaient sans remède. Cela dura trois ans et trois mois. On a honte de raconter en une histoire sérieuse ce qui va suivre. Avant d’entrer dans le récit de ces saturnales, il faut dire avec Suétone : Reliqua ut de monstro narranda sunt.

  1. Voir l’aveu atrocement naïf de III Macch., vii, 12-13.
  2. Lire le IIIe livre (apocryphe) des Macchabées, tout entier, en le comparant à celui d’Esther.