Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/272

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soins aux pauvres[1]. Elle était riche, ce semble, et distribuait son bien en aumônes. Cette respectable dame avait formé une réunion de veuves pieuses, qui passaient avec elles leurs journées[2] à tisser des habits pour les indigents. Comme le schisme du christianisme avec le judaïsme n’était pas encore consommé, il est probable que les Juifs bénéficiaient de ces actes de charité. « Les saints et les veuves[3] » étaient ainsi de pieuses personnes, faisant du bien à tous, des espèces de bégards et de béguines, que les seuls rigoristes d’une orthodoxie pédantesque tenaient pour suspects, des fraticelli aimés du peuple, dévots, charitables, pleins de pitié.

Le germe de ces associations de femmes, qui sont une des gloires du christianisme, exista de la sorte dans les premières Églises de Judée. À Jaffa commença la génération de ces femmes voilées, vêtues de lin, qui devaient continuer à travers les siècles la tradition des charitables secrets. Tabitha fut la mère d’une famille qui ne finira pas, tant qu’il y aura des misères à soulager et de bons instincts de femme à satisfaire. On raconta plus tard que Pierre l’avait ressuscitée. Hélas ! la mort, tout

  1. Act., ix, 36 et suiv.
  2. Ibid., ix, 39. Le grec porte : ὅσα ἐποίει μετ’ αὐτῶν οὖσα.
  3. Ibid., ix, 32, 41.