Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/273

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insensée, toute révoltante qu’elle est en pareil cas, est inflexible. Quand l’âme la plus exquise s’est exhalée, l’arrêt demeure irrévocable ; la femme la plus excellente ne répond pas plus que la femme vulgaire et frivole à l’invitation des voix amies qui la rappellent. Mais l’idée n’est pas assujettie aux conditions de la matière. La vertu et la bonté échappent aux prises de la mort. Tabitha n’avait pas besoin d’être ressuscitée. Pour quatre jours de plus à passer en cette triste vie, fallait-il la déranger de sa douce et immuable éternité ? Laissez-la reposer en paix ; le jour des justes viendra.

Dans ces villes très-mêlées, le problème de l’admission des païens au baptême se posait avec beaucoup d’urgence. Pierre en était fortement préoccupé. Un jour qu’il priait à Joppé, sur la terrasse de la maison du tanneur, ayant devant lui cette mer qui allait bientôt porter la foi nouvelle à tout l’Empire, il eut une extase prophétique. Dans le demi-sommeil où il était plongé, il crut éprouver une sensation de faim, et demanda quelque chose. Or, pendant qu’on le lui préparait, il vit le ciel ouvert et une nappe nouée aux quatre coins en descendre. Ayant regardé à l’intérieur de la nappe, il y vit des animaux de toute espèce, et crut entendre une voix qui lui disait : « Tue et mange. » Et sur l’objection qu’il fit que plusieurs