Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/281

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certains traits de son caractère, avaient élevés entre lui et ses frères nouveaux.

Paul, du reste, évita comme systématiquement de voir les apôtres. C’est lui-même qui le dit, et il prend la peine de l’affirmer avec serment ; il ne vit que Pierre et Jacques, frère du Seigneur[1]. Son séjour ne dura que deux semaines[2]. Certes, il est possible qu’à l’époque où il écrivit l’épître aux Galates (vers 56), Paul se soit trouvé entraîné, par les besoins du moment, à fausser un peu la couleur de ses rapports avec les apôtres, à les présenter comme plus secs, plus impérieux, qu’ils ne le furent en réalité. Vers 56, il tenait essentiellement à prouver qu’il n’avait rien reçu de Jérusalem, qu’il n’était nullement le mandataire du conseil des Douze, établi dans cette ville. Son attitude, à Jérusalem, aurait été l’allure haute et altière d’un maître qui évite les rapports avec les autres maîtres, pour ne pas avoir l’air de se subordonner à eux, et non la mine humble

  1. Gal., i, 19-20.
  2. Ibid., i, 18. Impossible, par conséquent, d’admettre comme exacts les versets 28-29 du ch. ix des Actes. L’auteur des Actes abuse de ces embûches et de ces projets meurtriers. Les Actes diffèrent de l’épitre aux Galates, en ce qu’ils supposent le premier séjour de saint Paul à Jérusalem plus long et plus voisin de sa conversion. Naturellement, c’est l’épître qui mérite la préférence, au moins pour la chronologie et les circonstances matérielles.