Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/282

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et repentante d’un coupable honteux de son passé, comme le veut l’auteur des Actes. Nous ne pouvons croire que, dès l’an 41, Paul fut animé de cette espèce de soin jaloux de garder sa propre originalité qu’il montra plus tard. La rareté de ses entrevues avec les apôtres et la brièveté de son séjour à Jérusalem vinrent probablement de son embarras, devant des gens d’une autre nature que lui et pleins de préjugés à son égard, bien plutôt que d’une politique raffinée, qui lui aurait fait voir, quinze ans d’avance, les inconvénients qu’il pouvait y avoir à les fréquenter.

En réalité, ce qui devait mettre une sorte de mur entre les apôtres et Paul, c’était surtout la différence de leur caractère et de leur éducation. Les apôtres étaient tous Galiléens ; ils n’avaient pas été aux grandes écoles juives ; ils avaient vu Jésus ; ils se souvenaient de ses paroles ; c’étaient de bonnes et pieuses natures, parfois un peu solennelles et naïves. Paul était un homme d’action, plein de feu, médiocrement mystique, enrôlé comme par une force supérieure dans une secte qui n’était nullement celle de sa première adoption. La révolte, la protestation, étaient ses sentiments habituels[1]. Son instruction

  1. Voir surtout l’épître aux Galates.