Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/296

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rixes et en agressions[1]. D’un autre côté, ils donnaient lieu à une active propagande religieuse. Le polythéisme officiel devenant de plus en plus insuffisant pour les âmes sérieuses, la philosophie grecque et le judaïsme attiraient tous ceux que les vaines pompes du paganisme ne satisfaisaient pas. Le nombre des prosélytes était considérable. Dès les premiers jours du christianisme, Antioche avait fourni à l’Église de Jérusalem un de ses hommes les plus influents, Nicolas, l’un des diacres[2]. Il y avait là d’excellents germes qui n’attendaient qu’un rayon de la grâce pour éclore et pour porter les plus beaux fruits qu’on eût encore vus.

L’Église d’Antioche dut sa fondation à quelques croyants originaires de Chypre et de Cyrène, qui avaient déjà beaucoup prêché[3]. Jusque-là, ils ne s’étaient adressés qu’aux juifs. Mais, dans une ville où les juifs purs, les juifs prosélytes, les « gens craignant Dieu » ou païens à demi juifs, les purs païens, vivaient ensemble[4], de petites prédications bornées à un groupe de maisons devenaient impossibles. Le sentiment d’aristocratie religieuse qui remplis-

  1. Malala, p. 244-245. ; Jos., D. J., VII, v, 2.
  2. Act., vi, 5.
  3. Ibid., xi, 19 et suiv.
  4. Comparez Jos., B. J., II, xviii, 2.